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Un peu plus près des étoiles
Invitée de la « Résidence 1 + 2 », qui associe photographes et scientifiques, Manon Lanjouère explore le rêve d’Icare et les études balistiques qu’il impose… pour les prolonger.
Le 16 juillet 1969, 13 h 32, Cap Canaveral, en Floride. Manon Lanjouère n’était pas née, mais elle a tout autant que le public du centre spatial Kennedy les yeux tournés vers le ciel, la Lune et, plus encore, vers l’espace. Diplômée en 2017 de l’école des Gobelins, elle est l’une des trois photographes de la quatrième « Résidence 1 + 2 ».
Cette manifestation organisée à Toulouse associe le monde de la photographie d’auteur à l’univers scientifique particulièrement dense dans la région Occitanie. Pendant deux mois, les photographes, d’horizons différents, côtoient le monde de la recherche.
Les échanges ont été très fertiles : « Nous, les scientifiques, nous sommes très accrochés à la réalité », avoue Sylvestre Maurice (S 1990) co-responsable de l'instrument ChemCam du rover Curiosity astrophysicien à l’Institut de recherche en astrophysique et planétologie, à Toulouse, et parrain de l’édition 2019. « Nous sommes des explorateurs à vrai dire assez peu rêveurs. Avec eux [les photographes], j’ai retrouvé cette part de rêve. »
Manon Lanjouère a pris ses quartiers auprès de Serge Gracieux, muséographe à la Cité de l’espace, et de Laurent Joly (D 1994 E) chef du département d’aérodynamique, énergétique et propulsion et professeur à l' Isae-Supaero.
La photographe s’est intéressée aux méthodes pour atteindre les altitudes extrêmes, au désir de voler, aussi ancien que l’humanité. Cette quête s’est longtemps heurtée à la physique dont les lois comme celle de la gravitation s’opposent à l’envol.
Comment résoudre ce problème ? Comment s’affranchir de tels obstacles ? La résidence fut pour Manon Lanjouère l’occasion de faire un grand voyage dans l’histoire de la mécanique de la propulsion et vers le vide spatial.
Elle s’est notamment approprié la balistique (la mère de l’astronautique), cette science des trajectoires de tout projectile, de la balle lancée dans une cour de récréation aux plus grosses fusées. Ses clichés se nourrissent des travaux de Tartaglia et de Galilée aux XVIe et XVIIe siècles sur les courbes dessinées par les boulets de canon jusqu’aux succès de la mission Apollo 11 et de Neil Armstrong.
Elle pousse encore plus loin le rêve d’Icare en s’interrogeant sur des futurs voyages emportant des humains en impesanteur plus loin encore que la Lune, seulement « premier jalon sur la route de l’infini » selon elle, « vers un territoire noir, un continent qui n’a plus l’horizon pour limite. »
L’ensemble des photographies sont exposées à la Chapelle des Cordeliers, à Toulouse. Elles sont également au cœur d’un coffret de trois ouvrages, publié chez Filigranes. Enfin, le vidéaste Citizen JiF a eu « carte blanche » pour réaliser un film mettant en perspective les trajectoires des résidents. Encore une histoire de trajectoire…
Extraits de l’article publié de Pour La Science de Loïc Mangin du 24 octobre 2019
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